Het Collectief présente, sur les scènes de Bruxelles, Innsbruck (A) et Cuenca (E), l'une des œuvres les plus fascinantes du répertoire du XXe siècle : le Quatuor pour la fin du Temps. Le compositeur français Olivier Messiaen a composé cette "vision musicale" durant sa détention dans le camp de prisonniers de guerre Stalag VIIIa en Silésie. Sous l'influence des conditions épouvantables, il a puisé son inspiration dans l'Apocalypse biblique. Grâce à des procédés harmoniques et rythmiques ingénieux et uniques, et surtout en adoptant des tempos souvent extrêmement lents, Messiaen parvient à estomper la notion de temps et d'espace. Messiaen a finalement réussi à convaincre un gardien du camp, amateur d'art, d'organiser une soirée de concert pour donner la première du Quatuor devant des centaines de codétenus.
Grâce à cette histoire poignante, l'œuvre a conquis rapidement le cœur du grand public après la guerre. Pour Het Collectief, chaque interprétation du Quatuor est une expérience unique. À chaque fois, nous sommes captivés par le message universel et mystique que porte cette œuvre.
À l’Espace Senghor à Etterbeek, nous mettons, en guise de prélude à Messiaen, les projecteurs sur l’un de ses étudiants les plus influents : Pierre Boulez. À moins de vingt ans, Boulez a écrit une Sonatine pour flûte et piano. L'œuvre regorge de techniques de composition des plus novatrices et est particulièrement difficile à exécuter, tant sur le plan instrumental que dans la coordination entre les musiciens. Parfois, on pourrait penser que Boulez a choisi le titre léger de manière ironique. Une fois les immenses défis techniques surmontés, cependant, émerge une musique fraîche et variée, permettant aux interprètes de s’épanouir dans les doubles canons fulgurants et une palette de couleurs extrêmement riche.
Boulez fut également l’un des pionniers de la musique électronique. Son Dialogue de l’ombre double (1985) en est un bel exemple : une bande enregistrée par le clarinettiste est diffusée à travers six haut-parleurs répartis dans la salle de concert. La clarinette jouée en direct dialogue alors avec son propre ombre électronique, créant ainsi une expérience acoustique exceptionnelle pour les oreilles aventureuses !
À Innsbruck, nous construisons le programme autour du thème de la guerre. En plus de L’Histoire du soldat de Stravinsky, nous interprétons des œuvres du compositeur tchèque Erwin Schulhoff, mort dans un camp de concentration, et de Béla Bartók, qui a vécu en exil aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. De Bartók, nous jouons les jazzy Contrasts.
Notre concert à la Semana de Música Religiosa de Cuenca est entièrement dédié à Messiaen. En prélude au Quatuor, la soprano Katrien Baerts interprète les Poèmes pour Mi, un magnifique cycle où Messiaen élève l'amour pour sa première femme, Claire Delbos, à un niveau mystique…
Het Collectief
Katrien Baerts, soprano
Yannick Willox, ingénieur de son