Il y a à peu près cent ans, Arnold Schoenberg fonda le ‘Verein für musikalische Privataufführungen’ (Société d’exécutions musicales privées). Une série interminablement longue d’oeuvres nouvellement composées et refusées par les salles de concert habituelles à cause de leur caractère délibérément moderniste furent exécutées ici devant la fine fleur du monde artistique viennois. A cause d’un manque d’argent, les oeuvres symphoniques furent exécutées en versions pour un ou deux pianos.
Mais on vit aussi apparaître une autre distribution, particulièrement haute en couleur, dans laquelle, à côté de cordes et de vents, interprétés par un seul instrumentiste, l’harmonium et le piano jouent un rôle décisif.
L’exploration de ces oeuvres pour orchestre réduites amena Het Collectief à la découverte de l’harmonium comme instrument de musique de chambre. Les possibilités de cet instrument, ‘officiellement’ introduit en 1840, sont bien connues: une sonorité riche toute particulière et surtout une dynamique flexible, parfaitement adaptée au style expressif et romantique, utilisé par bien des compositeurs à cette époque. Le désir d’accorder un rôle de premier plan à cet instrument dans un programme de musique de chambre nous mena à la formation d’un ensemble avec harmonium, piano et quelques cordes.
Avec ces instruments-là, nous essayons d’évoquer l’esprit d’une des périodes les plus inspiratrices des derniers siècles. Quand le dix-neuvième siècle entame son chant de cygne, partout en Europe de nouvelles tendances commencent à bouillonner dans le monde culturel. La menace de la ‘Grande Guerre’ dégage des sentiments d’ordre divergent: confusion, nostalgie, fuite dans l’idéel, besoin d’agir moderniste ...
Ainsi, on prend connaissance des dernières oeuvres de Brahms et de Dvorak, coryphées d’un romantisme familier du dix-neuvième siècle. Durant les décennies suivantes, on voit émerger des figures telles Sigrid Karg-Elert, qui prennent connaissance de la modernité, mais en même temps refusent d’abandonner la grandiloquence wagnérienne. Dans les mêmes années, Alban Berg provoque de l’agitation avec ses ‘Altenberg Lieder Opus 4’. Le concert dit ‘Skandalkonzert’ (concert de scandale) à Vienne (1913) fut arrêté prématurément à cause d’une bagarre dans le public.
Cinq ans après, le premier concert du ‘Verein’ de Schönberg eut lieu. Le cercle est bouclé ...
Thomas Dieltjens, piano
Dirk Luijmes, harmonium
Wibert Aerts, violon
Vincent Hepp, violon & alto
Martijn Vink, violoncelle
Calendrier
2021.07.19 International Organ Festival Haarlem (NL) - PREMIERE